Les économies arabes en mouvement. Un nouveau modèle de développement pour la région MENA.

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Éditeur : De Boeck Supérieur.

Préface de Pascal Lamy.

Date de parution : 19 novembre 2019.

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Quatrième de couverture :

Un nouveau regard sur les économies du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, à l’heure du changement climatique et de la révolution numérique.

Avec une population proche de celle de l’Europe, le monde arabe rassemble certains des États les plus riches et les plus pauvres de la planète. La couverture médiatique de cette région est dominée par les conflits et les crises internes au sein d’États défaillants tels que la Syrie, le Yémen, l’Irak et la Libye. Le chômage élevé des jeunes et la dépendance des pays arabes vis-à-vis de la rente pétrolière sont régulièrement pointés du doigt. Sans oublier la pénurie d’eau et de terres arables, dans une région très vulnérable au changement climatique.

Pourtant, de Doha à Rabat et de Mascate à Alger, en passant par Riyad, Amman, Le Caire et Tunis, des progrès substantiels ont été accomplis en matière de développement. Le monde arabe est engagé dans une modernisation aux dimensions multiples. De la mise à niveau des systèmes financiers à l’investissement dans l’économie numérique, les industries high tech et les énergies renouvelables, les initiatives ne manquent pas. En mobilisant plus efficacement leur capital humain, à travers une gouvernance refondée, les pays arabes pourraient accélérer leur transition vers un modèle de développement durable, adossé à une économie de la connaissance.

Par ailleurs, les pays arabes ont amorcé un pivot vers l’Est et le Sud, comme en témoigne l’intensification de leurs échanges avec la Chine, l’Asie du Sud et du Sud-Est et l’Afrique subsaharienne. S’ils parviennent à relancer leur intégration régionale, ils pourraient faire de la région MENA un espace de paix et de prospérité partagée, au cœur de « nouvelles routes des épices et de la soie ». Dans ce contexte, l’Europe doit impérativement redéfinir ses relations avec les pays arabes, en intégrant ces nouvelles réalités géoéconomiques.


Présentation vidéo


On en parle :

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A lire : « Les économies arabes en mouvement », de A. Kateb

Pour les économies arabes, existerait « un nouveau modèle de développement ». Tel est le plaidoyer d’Alexandre Kateb, économiste, essayiste et consultant international, dans son fort intéressant ouvrage, intitulé « Les économies arabes en mouvement ». Car les nations d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Mena) bougent.

A l’heure du changement climatique et de la révolution numérique, les solutions existent dans une zone dont le développement a déjà été accéléré. Bien sûr, il y a loin de la coupe aux lèvres et l’auteur ne cache pas les défis qu’il faut surmonter : chômage élevé, dépendance aux hydrocarbures, conflits à répétition : IrakLibyeSyrie… Mais le mouvement vers une économie plus durable ne peut plus être retardé. L’urgence environnementale impose la lutte contre le changement climatique et les énergies renouvelables.

Il faut « une gouvernance plus horizontale… »

A long terme, assure Alexandre Kateb, , maître de conférence enseignant l’économie et la finance internationales à Sciences Po Paris, « l’avenir du monde arabe pourrait dépendre de trois pays clés : l’Arabie saouditel’Égypte et l’Algérie ». L’Arabie saoudite, parce que ce pays, le seul à être membre du G20, est à un tournant historique, avec « une transformation sociétale profonde ».

L’Algérie est « la clé de voûte de la sécurité et la stabilité dans toute la Méditerranée occidentale ». Quant à l’Égypte, c’est « le cœur démographique et culturel du monde arabe », avec une population qui atteindra 150 millions d’habitants en 2050 (contre une vingtaine de millions en 1953).

Pour accélérer la transition vers un nouveau modèle de développement économique, Alexandre Kateb prône « une gouvernance plus horizontale, décentralisée et participative, qui fait davantage confiance aux acteurs non étatiques » et des coopérations dans la zone. Le rétablissement de la paix doit alors favoriser l’intégration régionale et le partenariat avec la Chine, l’Asie de façon plus générale et l’Afrique subsaharienne.

Le défi de la R & D et de l’économie de la connaissance

Pour se diversifier, les pays de la zone Mena doivent faire « des paris stratégiques », comme a pu le faire le Maroc, qui est devenu le premier producteur de voitures individuelles d’Afrique en associant investissements directs étrangers et soutiens publics.

Il faut aussi appuyer la recherche et développement (R & D). Or, rappelle l’auteur, les pays arabes n’investissent que 1 % de leur produit intérieur brut (PIB) dans la R & D, alors que la moyenne s’élève à 2,5 % du PIB dans l’OCDE, 3 % au Japon, 4 % en Israël et en Corée du Sud.

Le nombre de sociétés innovantes est insuffisant et le lien entre universités et secteur privé doit être renforcé. La création de startup et de clusters, comme en Algérie, l’émergence d’applications numériques et de licornes arabes sont, pour Alexandre Kateb, autant de signes favorables. Pour autant, il faut, selon lui, mobiliser plus efficacement le capital humain. Il faut donc encore accélérer pour que la zone Mena devienne une « économie de la connaissance ».

François Pargny

 Les économies arabes en mouvement, A. Kateb, De Boeck Supérieur, novembre 2019

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Radioscopie du monde arabe 

L’Express – 13 février 2020.

Un essai qui permet de comprendre les enjeux économiques et géopolitiques de la mosaïque des pays arabes. Les économies arabes en mouvement par Alexandre Kateb. De Boeck supérieur, 192 p., 19,90 €.

C’est le livre qu’on attendait depuis longtemps pour clarifier les idées confuses et contradictoires sur un monde situé au coeur des défis que l’économie mondiale devra surmonter ces prochaines années. Parce qu’il s’agit d’abord de la zone géographique la plus contrastée au monde : avec une population proche de celle de l’Europe, le monde arabe rassemble certains des Etats les plus riches et les plus pauvres de la planète. Il génère un flot important de nouvelles inquiétantes, entre les conflits entre pays (Arabie saoudite, Israël et ses voisins…) et les crises internes au sein d’Etats défaillants tels que la Syrie, le Yémen, l’Irak et la Libye. Il doit aussi surmonter des défis majeurs pour son avenir : s’affranchir de la rente pétrolière, s’approvisionner en eau, augmenter les surfaces cultivables, lutter contre le chômage des jeunes et la montée des inégalités. Mais aussi juguler l’intégrisme religieux, lutter contre le népotisme et la corruption qui freinent souvent l’émergence d’un secteur privé performant… Pour donner la mesure du problème, Alexandre Kateb cite cette étude édifiante de la Banque mondiale : en Tunisie, les entreprises contrôlées par le clan Ben Ali représentaient 1% de l’emploi, 3% du PIB, mais… 20% des profits de toutes les entreprises du pays.

Mais l’approche de l’auteur va bien au-delà de la simple description. Consultant et maître de conférences à Sciences po, il montre à quel point la grille de lecture présentant cette région comme le grand terrain d’affrontement entre Occident et le monde musulman, dans la droite ligne du Choc des civilisations de Samuel Huntington, n’est plus pertinente. Et que les lignes de fracture les plus fortes sont sans doute moins celles qui séparent cette région du reste du monde que celles qui traversent la région en son sein, à la fois entre Etats mais aussi à l’intérieur même de leurs frontières. Il montre aussi que, malgré tout, des progrès substantiels ont été accomplis dans de nombreux pays en matière de développement, de gouvernance, de modernisation des systèmes financiers, et que cette région du monde n’est pas à l’écart de la révolution digitale et de l’innovation.

Les clefs de l’avenir ? La modernisation de la gouvernance de ces pays. C’est une étape incontournable pour améliorer le bien-fondé des dépenses publiques, fertiliser le terreau entrepreneurial, réduire les inégalités dans l’accès à l’éducation et à la santé. Facile à dire, beaucoup plus compliqué à enclencher…Tout comme la relance de l’intégration régionale. Alexandre Kateb cite ainsi les travaux de l’historien Bernard Lewis sur l’Amérique latine : les forces centrifuges se sont avérées plus fortes que les logiques d’intégration, et l’expérience montre qu’il n’y a pas eu de deuxième chance. Pas très encourageant. Raison de plus pour que l’Europe se sente plus concernée que jamais par l’avenir de ses voisins.

Emmanuel Lechypre