Les nouvelles puissances mondiales. Pourquoi les BRIC changent le monde.

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Éditeur : Ellipses Marketing.

Date de parution : 10 mai 2011.

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Quatrième de couverture :

La popularité de l’acronyme BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), forgé en 2001 par l’économiste Jim O’Neill, a largement dépassé les milieux financiers pour symboliser l’émergence de nouvelles puissances qui ont remarquablement bien résisté à la crise économique et financière mondiale, et dont le rôle a été consacré par le G20. Les BRIC sont en effet avec d’autres grandes puissances émergentes (Indonésie, Mexique, Turquie, Afrique du Sud) au cœur de ce que l’on propose d’appeler la « grande convergence », un mouvement séculaire de rééquilibrage de la puissance et de la richesse, qui met progressivement fin à la « grande divergence » apparue entre l’Occident et le reste du monde à la faveur de la première révolution industrielle.

En outre, les BRIC représentent quatre grands pôles géopolitiques alternatifs aux États-Unis et à l’Europe, dans un monde devenu de facto multipolaire depuis la fin de la guerre froide et l’échec du projet néo-impérial américain. En ce sens, leur plaidoyer pour une refondation du multilatéralisme onusien et des institutions de Bretton Woods vise à adapter ces institutions à la nouvelle donne internationale, et à assurer leur « émergence pacifique » dans un monde de ressources rares et d’interdépendances multiples.

Confrontés à de multiples défis, les pays émergents leur apportent des réponses originales : capitalisme néo-patrimonial et politiques sociales ciblées, spécialisation internationale et rupture technologique, hybridation culturelle et réalisme politique. Leur forte croissance offre des opportunités considérables à condition de savoir décrypter ces enjeux et de replacer leur émergence dans une large perspective historique, économique et géopolitique. Telle est l’ambition de cet ouvrage.

On en parle :

Commentaire de Jim O’Neill, inventeur de l’acronyme BRIC :

“From a brief analysis of the contents of Alexandre’s book, I am rather jealous of him writing “my book” in so much detail, and with such an appropriate open mind. If I were to afford myself of sufficient time, I would try to cover many of the issues that are raised in the book. What is clear to me nine years after I had the good fortune of thinking of the BRIC acronym, the four countries are an increasing key driver of much of the world economy and its markets. Despite considerable issues facing many of them, and for world governance going forward, Alexandre’s book discusses many of the pertinent issues that need to be understood.”

Traduction en français :

“A l’issue d’une analyse succinte du livre d’Alexandre, je suis jaloux qu’il ait écrit avec tant de détail et d’ouverture d’esprit le livre que j’aurais pu écrire. Si je pouvais m’accorder sufisamment de temps, j’essaierais de couvrir plusieurs des problématiques abordées dans ce livre. Ce qui est clair pour moi, neuf ans après avoir eu l’heureuse fortune de forger l’acronyme BRIC, c’est que ces quatre pays représentent de manière croissante le moteur principal de l’économie et des marchés mondiaux. En dépit de la complexité des défis auxquels ces pays sont confrontés et des enjeux  pour la gouvernance mondiale, le livre d’Alexandre analyse un grand nombre de problèmes pertinents qui nécessitent d’être compris.

 

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Recension de l’essai par Yannick Prost, dans la revue Politique étrangère (1/2012)

Article original accessible ici

Les travaux sur les puissances émergentes connaissent une vogue certaine et, comme souvent dans les phénomènes de mode, le meilleur y côtoie le pire. L’ouvrage d’Alexandre Kateb se range dans la première catégorie, car l’auteur a tenté une synthèse aussi intelligente que difficile en s’appuyant sur une bibliographie honnête. Difficile parce qu’il faut bien avouer que le concept de BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) est nébuleux. Les BRIC sont des puissances économiques en phase de rattrapage, comptant désormais parmi les dix ou douze premières puissances mondiales. Pour le reste, l’ensemble est hétéroclite. Toutefois, l’ouvrage parvient à mettre en lumière quelques convergences.

En premier lieu, l’émergence se caractérise par un type de développement qui remet en cause les préconisations du libéralisme économique. Si l’orthodoxie financière est généralement respectée, ces puissances se caractérisent par un fort interventionnisme étatique. Ce dernier s’exprime particulièrement en matière de politique industrielle, qui bénéficie d’une stratégie de « champions nationaux », grandes entreprises solidement tenues par les autorités nationales via des noyaux durs d’actionnaires et une réglementation protectrice contre une prise de contrôle par les étrangers. L’intérêt national primant celui des actionnaires privés, les groupes industriels peuvent mener une politique d’investissement à long terme. Enfin, une habile manipulation des taux d’intérêts et une politique bancaire prudente – les leçons de la crise de 1997-1998 ont été tirées – permettent de profiter d’une sous-évaluation des monnaies ou au moins de garantir la stabilité de celles-ci contre les spéculations.

Mais si le rattrapage industriel a été spectaculaire, ces économies pourraient peiner à franchir la frontière technologique : en effet, malgré d’importants investissements dans l’éducation, les BRIC rencontrent des succès mitigés dans l’économie de la connaissance. La faiblesse de la recherche fondamentale, un environnement intellectuel peu propice et un effort généralement insuffisant dans la recherche et développement (R&D) limitent la maîtrise de l’innovation. Le « Cyberabad » des informaticiens indiens ne doit pas faire illusion : il n’exerce guère d’effet d’entraînement sur le reste de l’économie du pays. Toutefois, ces pays ont pris conscience de leurs lacunes et réalisent déjà des percées sur quelques niches.

Ces puissances économiques abritent des sociétés encore marquées par les vestiges du sous-développement ou d’une mauvaise adaptation à la modernité démocratique : bien que la proportion de pauvres ait baissé, le niveau de vie moyen demeure modeste. Ces sociétés, entrées en transition démographique ou l’ayant achevée, doivent encore gérer l’exode rural ou faire face au déclin démographique (Russie). Le système de protection sociale demeure lacunaire et faible et les très fortes inégalités sociales suscitent des questions sur la stabilité politique à moyen terme. Enfin, les dommages causés à l’environnement présentent des défis considérables.

Puissances émergentes, les BRIC sont également des sociétés en transition : régimes autoritaires (Chine, Russie) ou sociétés conservatrices dominées par des castes (Inde, Brésil), elles peinent à accepter les standards occidentaux de l’état de droit et de la démocratie. Le Brésil se détache peut-être du groupe : n’ayant pas subi de subordination récente à l’Occident, il semble moins marqué par le nationalisme et le besoin de revanche sur les pays du Nord. Toutefois, ces politiques étrangères convergent pour remettre en cause le statu quo post-guerre froide régissant le système international : remise en cause de la domination occidentale, de l’ingérence dans les affaires intérieures des États et de l’unipolarisme présumé des États-Unis.

Un nouvel équilibre des forces, source de définition d’un nouvel ordre mondial ? Pas certain, car les BRIC ne sont ni un groupe cohérent, ni une force d’entraînement des pays du Sud. Non, au fond, les BRIC incarnent une vision du monde westphalienne, face à laquelle l’Europe se trouve bien désarmée.

 

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Recension de l’essai par Simon Lenaëlle dans La Croix (29/08/2011)

À LIRE. Les nouvelles puissances mondiales. Pourquoi les BRIC changent le monde.

Le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine ont particulièrement bien résisté à la récente crise économique et financière. C’est le constat d’Alexandre Kateb. Dans un ouvrage complexe mais didactique, cet économiste et maître de conférences à Sciences-Po Paris revient de manière détaillée sur l’histoire et les fondements de ces quatre pays émergents, appelés « BRIC ».

Derrière cet acronyme, l’auteur distingue des situations singulières : la Russie et le Brésil ont bénéficié des larges revenus tirés de l’exportation des matières premières ; l’Inde et la Chine, encore sous-développées il y a trente ans, ont pu compter sur des politiques expansionnistes afin d’accroître les investissements et la demande.

D’ici à 2030, le PIB cumulé des BRIC devrait dépasser celui des pays du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Canada). Tirés par une croissance vive, une expansion démographique forte et des politiques sociales ciblées, ces quatre États sont la preuve d’un rattrapage possible des pays émergents. Aujourd’hui, ce sont « à la fois des puissances territoriales, démographiques, économiques et géopolitiques », insiste l’auteur.

Néanmoins, il souligne que ce développement ne s’est pas fait sans accroc. La libéralisation financière des années 1980 a changé la donne. Comme beaucoup de pays émergents, les BRIC ont connu un afflux de capitaux étrangers. Utiles à l’économie, ils n’étaient pas sans risque : bulles financières, crises asiatique et russe, inflation, dévaluation monétaire.

Dans la seconde partie, l’auteur met l’accent sur les enjeux auxquels le quatuor doit encore faire face : instaurer un État de droit pour la Chine et la Russie, endiguer la pauvreté de masse et les problèmes de malnutrition, qui touchent 400 millions de personnes en Inde. Pour l’économiste, l’expansion démographique pose également la question de la rareté des ressources énergétiques. « La seule alternative crédible aux énergies fossiles est l’énergie hydraulique », explique-t-il. « LaRussie et la Chine disposent des premiers et deuxièmes potentiels hydroélectriques au monde, juste devant le Brésil. (…) L’Inde possède également un potentiel hydroélectrique important, qui reste sous-exploité. »